![]() |
![]() |
![]() |
XVI |
AUMÔNE |
3 |
Prends ce sac, Mendiant ! tu ne le cajolas Sénile nourrisson d'une tétine avare Afin de pièce à pièce en égoutter ton glas. |
6 |
Tire du métal cher quelque péché bizarre Et, vaste comme nous, les poings pleins, le baisons Souffles-y qu'il se torde ! une ardente fanfare. |
9 |
Église avec l'encens que toutes ces maisons Sur les murs quand berceur d'une bleue éclaircie Le tabac sans parler roule les oraisons, |
12 |
Et l'opium puissant brise la pharmacie ! Robes et peau, veux-tu lacérer le satin Et boire en la salive heureuse l'inertie, |
15 |
Par les cafés princiers attendre le matin ? Les plafonds enrichis de nymphes et de voiles, On jette, au mendiant de la vitre, un festin. |
18 |
Et quand tu sors, vieux dieu, grelottant sous tes toiles D'emballage, l'aurore est un lac de vin d'or Et tu jures avoir au gosier les étoiles ! |
21 |
Faute de supputer l'éclat de ton trésor, Tu peux du moins t'orner d'une plume, à complies Servir un cierge au saint en qui tu crois encor. |
24 |
Ne t'imagine pas que je dis des folies. La terre s'ouvre vieille à qui crève la faim. Je hais une autre aumône et veux que tu m'oublies |
|
Et surtout ne va pas, frère, acheter du pain. |